Yacinth

Une dame passait chaque jour, revenant de faire son marché, en fin de matinée, son panier au bras,

Sur le perron d'une maisonnette un chat attendait de la voir arriver et lui emboitait le pas, la suivant jusque sa maisonnée,

La dame qui n'aimait pas les chats lui criait des "oust", agitant son bras libre dans de grands gestes pour lui faire peur, Balançant, parfois, son pied, comme pour lui en donner un coup, Le chat esquivait, mais continuait à la suivre,

Elle avait beau l'invectiver, le chat la suivait et ne s'en retournait sur son perron que lorsqu'elle avait refermé sa porte d'entrée, Il arrivait qu'elle se baisse, pose son panier, se saisisse d'un caillou et lui lance, le ratant chaque fois, Toujours, il continuait à la suivre,

Les gens avaient fini par surnommer celui qu'elle appelait "ce sale chat de malheur" le "Quémandeur", Pourtant il ne miaulait jamais, Mais la dame, convaincue qu'il en avait après son lait, ses œufs, son beurre... avait fini par en persuader le voisinage,

Certains soirs, avant le souper, elle le trouvait assis sur la fenêtre de sa cuisine et sortait, son balai à la main, pour l'en faire descendre, Criant à la volée, afin d'être entendue de tous, mais surtout de l'intéressée, qu'elle serait bien inspirée de garder "son sale chat de malheur" à demeure, menaçant qu'un malheur pourrait bien arriver,

Il était aux alentours de dix-neuf heure ce début de soirée là, lorsque tout le voisinage fut dérangé par de longs miaulements, Exacerbé, n'en pouvant plus de lui hurler qu'il ferme sa gueule, le propriétaire de la maison la plus proche, tira un coup de fusil en l'air,

Mais le chat ne pris par la fuite et continua de plus belle, Miaulant plus fort,

Alors l'homme sorti son fusil sous le bras, bien décidé à abattre l'animal,

Quand il arriva, il lâcha son arme et se précipita sur le corps inanimé de sa voisine, Il commença à lui masser le cœur, criant, tout à la fois, qu'on lui apporte de l'aide, qu'on appelle les secours et regardant le chat qui s'était, calmement, écarté, qu'on lui amena du poisson frais,

A son réveil, dans la petite chambre d'hôpital, la dame ouvrit les yeux sur un voisin qui s'était assoupi, Elle lui tapota la main et le remercia:

'Remerciez plutôt le Quémandeur, Ce sale chat de malheur qui vous suit chaque jour a averti tout le quartier de votre chute, Sans lui, jamais nous n'aurions su,"

Depuis, dans le quartier, il y a une petite dame qui salue un vieux chat, dont la robe blanche tranche avec la rumeur, chaque fois qu'elle s'en revient de faire son marché et lui laisse un bol sur le rebord de sa fenêtre,

Fait ce soir de décembre 2020,

Mi Neth,